Révolte des pieds bleus dans le Val-de-Vire au XVIe Siècle

Extrait de « Le Livre des chants nouveaux du Vaudevire » de Jean Le Houx, auteur qui nota des chansons paillards et de révolte du Val-de-Vire, dans le Calvados, qui inspira le théâtre de Vaudeville (r roulé ?).

Il s’agit ici d’un chant de révolte des « fouleurs de draps ». Dans des moulins à eau, des draps (plus généralement tissus), utilisés pour confectionner les vêtements (les bleus, les bleus de travail, qui donnèrent également les blue-jeans) étaient alors foulés avec de la teinture, mais le marché commençait à s’effondrer. Poussant à des révoltes ouvrières dans la région. C’est à cette période que furent créer le corps des Gens d’Armes (plus tard devenus gendarmerie nationale), alors ancêtres de la gendarmerie mobile (et de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS)) pour mater ces révoltes ouvrières. C’est également à cette occasion que furent créer les premiers syndicats ouvriers en France.

On doit aussi à ces œuvres l’expression « boire à tire-larigot » (en référence à une cloche très lourde fondue sous la volonté de l’archevêque Eudes Rigaud à l’église de Rouen, qui donnèrent l’expression «tire-larigot ».

Vaudevire de Jean Le Houx

Moulin fouleur linogravé dans Inkscape
Voyant en ces vallons Virois
Des Moulins fouleurs la ruine
Où nos chants prindrent origine,
Regrettant leur temps ie disois :
Où sont ces Moulins, ô Vallons ;
Source de nos chants biberons ?

Le traficq de nos pères vieux
Étoit jadis en Drapperie ;
Le bon Basselin lors en vie
Se resjouissoit avec eux.
Où sont ces Moulins, ô Vallons,
Source de nos chants biberons ?

Aux Moulins qui fouloient leurs Draps
Sur ceste rivière jolie,
Beunoient d’autant par drolerye
Sildre qui valloit hypocras.
Où sont ces Moulins, ô Vallons,
Source de nos chants biberons ?

Basselin faisoit les chansons
Qui de là sont dits Vaudevires,
Et leur apprenoit à les dire
En mille gentilles façons.
Où sont ces Moulins, ô Vallons,
Source de nos chants biberons ?

Or bien le bon temps est passé
De toute chose une pose
Va dons mon corps et t’y repose.
Besoist soit-il qui t’a versé !
Bon vin, si nous ne t’avallons,
Se perdroient nos chants biberons.