A l’occasion de la fête des jardins, j’ai pu visiter pour la première fois les jardin du musée Albert Kahn et comme c’est le premier dimanche du mois et que donc les musée nationaux étaient gratuits, je suis retourné au musée d’Orsay voir la magnifique exposition sur le peintre Lovis Corinth…
Le musée Albert Kahn de Boulogne, situé juste à coté du terminus de la ligne 10 du métro, comporte différents jardins. Un jardin français (poiriers, pommiers, roseraies), un jardin anglais (avec un petit décor de pierre un peu chinois), un jardin japonais traditionnel avec des maisons populaires (民家, minka, minjia en chinois) et un jardin japonais contemporain. Ainsi que plusieurs mini-forêts : Forêt Vosgienne, forêt bleue (les arbres sont choisis pour leurs couleurs tirant vers le bleu), et une forêt à moitié sauvage, où les fleurs sont laissées libres de pousser comme elles l’entendent.
D’après ce que nous ont décrit les guides, Albert Kahn était un Juif Alsacien, exilé d’Alsace lorsque celle-ci a été prise par la Prusse. Il a fondé sa fortune en utilisant la main d’œuvre esclave d’Afrique du Sud dans les mines d’or, il est devenu banquier, se constituant une fortune colossale. Cela lui a permis de voyager et de s’ouvrir au monde et de s’éloigner des livres scolaires de son époque enseignant une hiérarchie des races. Il a alors décidé de montrer les différentes cultures du monde pour cesser cette vision raciste des différentes cultures. Il reprend donc les idées des lumières et de la révolution française, un peu oubliées en France à la fin du XIXe (bon, c’est pas tout à fais vrai puisque ca suit un peu les idées internationalistes de Marx et de ses inspirateurs comme Proudhon et la Commune de Paris).
Ayant financé l’effort de guerre japonais contre la Russie, pour quelques îles du nord de l’Archipel, le Japon l’aurait remercié. Il s’inspire alors avec quelques décennies de décalage du japonisme (passion des arts japonais) qui avait inspiré le peintre Claude Monet pour son jardin de Giverny (ils étaient membres de la même société de passionnés de jardins), Gauguin ou les Nabis, après la 1ere invasion du Japon par les USA en 1853 et l’ouverture forcée de l’Ère Meiji qui en suivit.
Il finit ruiné, la bourse sa monte et sa descend, crise des années 30. Le département de la Seine saisie son jardin et sa maison pour rembourser ses dettes, mais décidé de le conserver et de le laisser habiter a cet endroit. Il meurt au moment de l’arrivée des allemands à Paris, lors de la seconde guerre mondiale, les guides n’ont pas précisé si il était mort de vieillesse ou par les allemands pour ses origines.
Il a financé pendant sa période humaniste, des chercheurs, les envoyant aux quatre coins du monde prendre des échantillons de plante et des autochromes (plaques photographiques couleur inventées par les frère lumières). Ils ont notamment photographié les murailles de Pékin (dont il ne reste que certaines portes aujourd’hui et la vie des chinois sous la dynastie Qing de la minorité Mandchoue et les envahisseur internationaux.
Excellente exposition Lovis Corinth au musée d’Orsay> (Affiche de l’expo)
Cette exposition sur Lovis Corinth, un Prussien (plutôt de la partie intégrée à la Russie maintenant), ayant côtoyé des impressionnistes à Paris. Entre impressionnisme et expressionnisme, avec pas mal de réalisme, reprenant des scènes des mythologies grecques, romaines et chrétiennes, les détournant avec humour. Des portraits, des nus, des scène de différents métiers, beaucoup d’autoportraits et quelques paysages dans sa période expressionniste. Touches très fortes, magnifique travail de couleur, beaucoup d’humour et de sensibilité, une expo à aller voir. J’ai tellement apprécié que j’y suis allé 2 fois et j’aurais bien pris le catalogue de l’exposition (énorme pavé), si l’impression quadrichromique pouvait permettre un rendu parfait des couleurs.
(Autoportrait de Lovis Corinth, source Wikipedia)